L’importance d’un bon suivi de chaleur chez la chienne reproductrice
Réaliser un suivi de chaleur est la meilleure solution pour être sûr de trouver le moment propice à l’accouplement. Aujourd’hui en France, beaucoup d’éleveurs sont mis en échec à cause d’une saillie faite trop tôt ou trop tard. Aussi, le suivi de chaleur devient une méthode incontournable pour déterminer précisément le jour d’ovulation : date clef pour une saillie ou une insémination réussie.
Pourtant, de nombreux éleveurs se tournent encore vers les anciennes méthodes de saillies, dites « plus naturelles ». Or, elles sont responsables d’échecs susceptibles de mettre en faillite un élevage et de déséquilibrer les lignées de race déjà établies.
Les modifications physiologiques : une variable incertaine
Certains éleveurs se basent sur les modifications physiologiques de la chienne.
Les études réalisées durant les années 70-80 montrent que les écoulements vulvaires sont abondants et hémorragiques pendant le pro-œstrus, et qu’ils s’atténuent et s’éclaircissent pendant l’œstrus. Si vous ne comprenez rien à ces deux termes, je vous invite à lire le cycle des chaleurs chez la chienne où le cycle sexuel est très clairement expliqué.
Ces études rapportent que l’ovulation a lieu deux à trois jours après le début de la seconde phase (œstrus). Il suffirait donc de faire saillir sa chienne à ce moment-là pour que la gestation débute.
- Le problème c’est que ces variables sont totalement incertaines :
- Le passage d’une phase à l’autre peut très bien ne pas se démarquer. Certaines chiennes émettront des saignements plus ou moins importants durant ces deux phases sans variation de quantité.
- L’aspect et l’abondance des écoulements varient d’une chienne à une autre et même entre les cycles successifs d’une même chienne.
Pire, on considère qu’il faut compter 12 jours après le début des chaleurs pour faire saillir sa chienne. Or, les progrès en médecine vétérinaire sont tels que nous savons aujourd’hui que la durée des phases est variable selon les chiennes et les cycles successifs.
- le pro-œstrus s’étale entre 3 et 20 jours
- l’œstrus dure en moyenne 3 à 30 jours.
Il est donc irréaliste de dire que l’ovulation aura lieu à 12 jours, puisque certaines chiennes seront encore en phase pro-œstrus à ce moment-là.
Comme vous pouvez le constater, les modifications physiologiques de la chienne ne représentent pas une source exacte. L’ironie, c’est que même les auteurs des études indiquent leur variable comme aléatoire. Aujourd’hui, seul un suivi de chaleur vous donnera les meilleures chances de réussir la saillie.
Les modifications comportementales : un suivi de chaleur faussé
Lorsque la chienne est dans sa période fertile, on assiste à un changement de comportement. Lors de la première phase, le pro-œstrus, la chienne refuse catégoriquement le mâle. Elle peut également devenir agressive à son égard. En revanche, lors de la seconde phase on observe ce qu’on appelle le réflexe d’Amantéa. La chienne tend son tronc, relève sa croupe qu’elle présente au mâle et dévie sa queue sur le côté. Par cette attitude, elle fait savoir qu’elle est prête et d’accord pour une reproduction.
On considère que lorsque la chienne accepte le mâle, est en ovulation. C’est une erreur.
Il faut savoir que l’ovulation chez la chienne dure entre 12 à 48 h. Elle a lieu deux à trois jours après le début de l’œstrus. Or, le réflexe d’Amantéa lui, peut se dérouler pendant toute la période de l’œstrus et parfois même légèrement avant. Se baser sur ce comportement pour déterminer la date d’ovulation peut vous faire décaler de quelques jours et perdre une occasion.
À l’inverse, certaines chiennes très dominantes envers leurs congénères ou très soumises à leur maître n’auront pas ce réflexe ou le développeront trop tard. L’ovulation sera passée inaperçue.
La modification comportementale ne constitue pas à elle seule une source exacte pour déterminer le bon jour de saillie. Là encore, les variables sont beaucoup trop aléatoires alors que la période d’ovulation est trop courte pour se permettre une marge d’erreur.
La seule solution consiste à réaliser un véritable suivi de chaleur.
Pourquoi faut-il faire un suivi de chaleur ?
La tradition veut que la chienne soit fécondée entre le 12e et le 14e jour qui suit le premier jour des chaleurs à cause des modifications physiologiques et comportementales de la chienne que nous avons vus. La suivre, en tant qu’éleveur, c’est encourir 30 à 50 % d’échec. Puisque le cycle sexuel diffère d’une race à une autre et même d’un cycle à l’autre.
- En agissant ainsi vous prenez le risque de :
- provoquer une grossesse nerveuse avec toutes les conséquences liées (maladies, troubles comportementaux)
- dépenser des frais de gestations pour un résultat nul (portée vide)
- multiplier les frais de saillies juste « pour être sûr » que la fécondation a eu lieu
- obtenir une petite portée lorsque la saillie n’a pas eu lieu au bon moment
Aujourd’hui, seule la date d’ovulation permet de donner une bonne fourchette de saillie. En agissant à l’aveuglette, vous vous exposez à des résultats totalement incertains et à la perte totale ou partielle d’une future portée.
Avec le recul, vous finirez par mettre la santé de la chienne reproductrice en danger et perdre plus d’argent qu’en ayant un suivi de chaleur.
- Le suivi de chaleur permet :
- Connaître la date d’ovulation, quel que soit le cycle sexuel de la chienne
- Assurer une gestation à tous les coups
- Obtenir une portée de taille maximum
- Débourser qu’une seule fois les frais de saillies (saillie, frais de déplacement, de garde..)
- Savoir à +/-1 jour la date de mise bas
Comme on pouvait l’imaginer, il existe plusieurs protocoles de suivis de chaleur. Ces dernières vont dépendre du cabinet vétérinaire, des machines utilisées… Sur un même suivie, plusieurs méthodes peuvent être appliquées. Il en va de l’éleveur d’avoir une confiance absolue en son vétérinaire, car lui seul sera en mesure d’interpréter les résultats et de vous donner la période d’ovulation.