Les origines du Husky sibérien
L'histoire du Husky de Sibérie est assez complexe a retracer. En effet, il doit son apparition à peuple Tchouktchis resté dans l'ombre pendant très longtemps. Ce n'est que grâce à l'écrivain Youri Rytkhéou et Jack London ainsi qu'aux notes de nombreux marchands que l'on a pu rassembler les éléments prouvant l’existence de chiens tchouktchis ancêtre du Husky de Sibérie. Utilisé comme chien traîneau pour faciliter les déplacements et le transport de matériaux/marchandises, il est très vite devenu une référence. Un petit chien à la résistance et à l'endurance extraordinaire, capable de tirer un traîneau sur de longues distances. Mais c'est à Leonhard Seppala en particulier que nous devons la notoriété de la race, à travers ses victoires et la course au sérum pour sauver un village entier.
Les chiens Tchouktchis et son peuple
La naissance du Husky de Sibérie
Seppala à l'origine de la gloire du Husky
Le husky en Amérique
Le husky en France
Les chiens Tchouktchis et son peuple
Comme son nom l'indique, c'est en Sibérie que le voyage commence. Rendez-vous sur les rives côtières de l'extrême Nord-Est du continent, une région où la température moyenne est de - 30°C et pouvant descendre jusqu'à -80°C les jours de grand vent. Là-bas, vivent complètement isolé les unes des autres, de nombreuses "tribus arctiques" comme les Samoyèdes, les Ostiaks, les Lamoutes, les Toungousses ... Mais c'est à la tribu des Tchouktchis que nous allons nous intéresser. Venus d'Amérique du Nord et probablement issus de la famille des Esquimaux, elle prend "possession" au XVème siècle de la région Est de la Sibérie(1). Divisée en deux parties, les "Tchouktchis à Renne", et les "Tchouktchis à demeure fixe", ont un mode de vie différent d'un clan à l'autre. Les premiers auraient tendance à voyager, à se comporter comme des "nomades", alors que les seconds ont préféré se sédentariser. Une différence de taille quand on sait qu'ils ne parlent pas tout à fait la même langue, et ont recourt des interprètes pour se comprendre entre eux.(2)
La vie des Tchouktchis est d'une misère profonde. Ils vivent dans des yourtes - sorte de tente d'une longueur d'environ 3 mètres dont la poutre maîtresse repose sur quatre piquets et dont le toit en peau de phoque retombe sur d'autres piquets fixés le long du mur -. Cet espace étroit se divise en plusieurs compartiments habités par autant de couples qui y logent avec leurs progénitures. A l'un des angles intérieurs se trouve le foyer. On y brûle, pour le chauffage, des os de phoques trempés dans l'huile de ces animaux. En guise de nourriture, les Tchouktchis mangent - quand ils ne souffraient pas de famine - tout ce qui leur passe sous la main, du terrestre au marin, mammifère, insectes ... Tout, sauf les oiseaux avec qui ils lient une grande amitié et les "chiens polaire" qui eux sont réduits à l'esclavage et accablé de travail. Certains auteurs affirme que ces chiens étaient laissé dehors, dans de piteux états, remplis de vermine. D'autres vont au contraire souligner la complicité entre le maître et son chien.
Ces chiens que nous appellerons "chiens tchouktchis", faute de nom, sont précisément les ancêtres du Husky de Sibérien. Difficile d'imaginer, en les regardant, le lourd passé qu'ils portent et les tâches qui leurs ont été attribuées. Pour se nourrir, les Tchouktchis devaient chasser et partaient des kilomètres à la ronde. Pour se déplacer et transporter leurs butins en toute facilité ils utilisèrent des rennes avant de s’apercevoir que le chien était plus efficace. Moins rapide que les rennes, mais plus endurant sur de longue distance. Sans réellement le savoir eux-mêmes, ils ont commencé à sélectionner les chiens afin de ne conserver que les plus efficaces et les plus fiables pour leur besoin. La pauvreté dont faisait preuve la tribu ne permettait pas de garder les autres, ils étaient soit confiés à d'autres tâches (notamment pour aider la femme dans les gros ouvrages tel que la confection des vêtements) soit éliminés et son poils conserver pour les fourrures. Sur l'ensemble des documents rapportant l'histoire des Tchouktchis aucun n'évoque l'utilisation du chien tchouktchis comme chien de garde. En revanche, il a été relevé qu'instinctivement les chiens aboyaient pour signaler l'arrivée d'une personne.
Du fait de l'éloignement des tribus entre elles, on peut aisément supposer que les chiens tchouktchis étaient de race pure. Fidèle à leur maître, obéissant, ils se devaient d'être endurant, résistant au froid et capable de tirer des charges légères à modérés sur de longues distances. Et comme il n'était pas possible de leur donner trop de nourriture faute de mieux, il fallait qu'ils dépensent un minimum d'énergie possible.
Une chose curieuse à observer, c'est qu'il y a chez les Tchouktchis des renommées industrielles tout comme dans les sociétés civilisées. Certaines femmes s'étaient faite une réputation dans l'art de préparer les peaux, d'autres dans l'art de les teindre. Tel individu était vanté pour ses manches à fouet, tel autre pour ses lanières... Et ils établissaient au fils des années un commerce.(3) Et comme on s'y attend, là encore ce sont les chiens tchouktchis qui ont été utilisé pour accomplir ces voyages de grande distance entre l'ancien monde et le monde nouveau ( Alaska ). Rapidement, ils sont devenu nécessaire et indispensable à l'Homme.
La naissance du Husky de Sibérie
Mais au XIXème siècle la vie du chien tchouktchis va véritablement prendre un tournant. D'abord avec la venue de nombreux explorateurs, qui mal équipés contre le froid se sont inspiré de la tribu afin de survivre aux conditions de vie difficile et ont appris à mener les chiens de traîneaux pour leur déplacement. A leur retour, ils rapportèrent les nouvelles, mais l'histoire des chiens passe quasiment inaperçu. Puis avec la ruée vers l'or à Nome en 1900. De nombreux prospecteurs sont venus tenter leur chance, et on assiste alors à la création d'une ville champignon sur le cap Nome. Parallèlement, pour pouvoir vivre, se déplacer et se nourrir, de nombreuse personnes vont avoir recourt au mode de vie utilisé par les tribus en passant par l'utilisation des traîneaux de chiens pour le transport de leur matériel.
Au cours de nombreux voyages entre le monde nouveau et l'ancien monde par les marchands de fourrure, le chiens Tchoutchis sera importé en Alaska par l'un d'eux où il prendra le nom de Husky de Sibérie. Husky en rapport avec sa voie "enroué" signification littéraire du terme Husky en russe. Ainsi on assiste à l'importation de plusieurs sujets dès 1899 où ils seront vendu "par quantité" à Circle City (Alaska) pour une somme d'environ 100 à 400 dollars.(5)
Sur Nome, l'hiver est long, rigoureux et il devient difficile de trouver des activités pour occuper les journées. Ainsi quelques personnes ont eu l'idée de mesurer leur traîneaux de chiens en faisant des courses amicales. En 1908, Allan Scotty s'en inspire pour créer la course annuelle All Alaska d'une longueur d'environ 650km. A ce moment-là, on utilisait encore massivement des Malamutes. L'année suivante, William Goosak un marchand de fourrure qui s'équipait avec des Husky de Sibérie, décide de participer à la course. Sur le départ il est ridiculisé par ses conquérants qui surnomme alors ses chiens de "rat", persuadés que la petitesse des chiens était un signe de faiblesse et de manque d'endurance. Il prend avec lui un musher habitué aux courses de traîneaux de chien, mais sur la route ils se perdent et arrivent en troisième position. La troisième place ne remportant pas de gain, il fut contraint de revendre ses chiens.
Lors de cette course, un Écossais qui avait remarqué les exploits des Husky de Sibérie, et décida d'en importer d'autres à son tour pour tenter sa chance. Il attelle ainsi trois traîneaux et remporte les trois premières places de la courses. La race commence alors à se populariser.
Seppala à l'origine de la gloire du Husky
Mais la race doit son succès a un homme qui en tomba fou amoureux - Leonhard Seppala. A l'origine, il travaillait comme pêcheur et forgeron auprès de son père où il était destiné à reprendre les rennes par la suite. Mais avec la ruée vers l'or à Nome, un ami Jafet Lindeberg parvient à le convaincre de venir travailler pour lui dans son exploitation minière. En 1913, son ami lui confie la tâche de s'occuper et de former des Husky de Sibérie importés tout droit de Sibérie destinés à offrir à l'explorateur Roald Amundsen pour l'occasion de son futur voyage. Mais le voyage est annulé, Lindeberg les donna alors à Seppala. Ce dernier avait tellement craqué pour ces boules de poils qu'il n'était pas possible pour lui d'attendre la fonte de neige pour partir en traîneaux. Il attela donc les chiens à un traîneau sur roue et les forma tous les jours sans relâche. Alors que la plupart des mushers pouvaient parcourir une cinquantaine de kilomètres par jour, Seppala, lui, enchaînait entre 80 et 100 km chaque jour.
En 1914, il s'inscrit à la dernière minute à la course All Alaska. Ni lui, ni son partenaire de course, Suggen, ne connaissait la route. Soudain, une tempête de neige fait perdre tout repère aux chiens qui dérive vers la mer Bering et chutent de la colline. Heureusement, il parvient à s'arrêter à 5 mètre du bord. Une fois la tempête dégagé, Seppala prend conscience des risques qu'il venait de prendre. Dans leur chute, les chiens ont également morflé, les coussinets déchiquetés et les griffes cassés par la glace incrusté. Sur le chemin du retour, Seppala se sent mal d'avoir abusé de la fidélité des chiens et de les avoir mis en danger de mort. Il se retire, honteux, de la course et prendra soin de veiller sur le rétablissement de ses chiens pendant tout le reste de l'année.
En 1915, il s'engage à nouveau dans la course et cette fois la compétition est très serré entre lui et Scotty Alan. Finalement au quatrième jour de course, il prend le dessus et termine avec deux heures d'avance. Sa carrière décolle avec lui celle des Husky de Sibérie, il remporte également les courses de 1916 et 1917.Malheureusement la course All Alaska sera par la suite suspendu jusqu'en 1983 date à laquelle elle sera relancée. (Seppala décède en 1967)
Parce qu'il est reconnu comme le musher le plus expérimenté et le plus rapide, on fait appel à lui et d'autres musher en 1925 lorsqu'une épidémie de Diphtérie frappe Nome. Les conditions climatiques et l'isolement du secteur par la glace ne permettait pas de transporter le sérum jusqu'à Nome. Le seul moyen de pouvoir sauver la population était d'aller le chercher à Nenana en traîneaux de chiens. Aussitôt, un relais de musher se met en place pour pouvoir couvrir les 1 000 km de distance le plus rapidement possible. C'est ainsi que 20 mushers et plus de 100 husky s'engagent dans cette courses périlleuse contre la montre. En tant normal, le voyage devrait prendre environ 20 jours. Mais la situation était urgente, il n'était pas possible d'attendre aussi longtemps. Aussi, il existait un raccourci reconnu pour être ultra dangereux et qui permettait de gagner une journée de voyage. C'est Seppala qui prendra se raccourci risquant sa vie et celle de ses chiens à plusieurs reprises. Au derniers point de contrôle, l'assistant de Seppala, Gunnar Kaasen, dont l'équipage était dirigé par Balto son meilleur chien de tête, trouva son remplaçant endormi. Considérant que ses chiens se portaient bien, il poursuivi sa route jusqu'à Nome. Au total, ils ne mettront que 5 jours pour ramener le sérum au village et sauver des milliers de vies!(6)
La presse s'empara de l'histoire et fit de Balto un héros national provoquant par la même occasion une très bonne renommé des Husky de Sibérie. L'année d'après une statue fut érigé en son honneur à Central Park de New York. Depuis, chaque année est organisée une couse du nom de l'Iditarod en souvenir du trajet effectué par Seppala, Kaasen et les autres mushers. En 1933 après la mort de Balto, il fut empaillé et donné au musée d'histoire naturelle de Cleveland
Le Husky en Amérique
Grâce au succès du transport du sérum ayant permis de sauver quelques milliers de vie, en Alaska. Le Husky de Sibérie se démocratise, se popularise et devient de plus en plus recherché.
En 1927, Seppala va une fois de plus démontrer l'efficacité de ces chiens face à une course de traîneaux dans le Maine contre Arthur Walden, fondateur de la race Chinook. Le Chinook est un mélange de Mastiff, de Groenland Husky, de Berger Allemand et Belge décrit comme athlétique et infatigable. Seppala rencontre des difficultés durant sa course mais remporte tout de même la partie face à des chiens plus robustes certes mais plus lourds et plus lents.
A la suite de sa victoire, Seppala s'installe dans le Maine et créer son propre chenil de Husky de Sibérie avec son épouse Elizabeth Ricker.
Deux ans plus tard, en 1930, le Husky de Sibérie sera enfin reconnu par American Kennel Club et un club à son nom le "Siberian Husky Club Of America" sera créé en 1938. Dès lors le Husky s'étend sur toute l'Amérique et le Canada
Le Husky en France
En France, les premiers Husky de Sibérie seront importés à partir des années 1970 seulement. En 1972, on assiste au première inscription au LOF du husky de Sibérie sous le club "Réunion d'Amateur de Samoyèdes et Chiens Nordiques". Mais le nombre d'inscription est encore bien faible (3 inscriptions).
A partir de 1978 on constate une augmentation croissante du nombre de naissance des Husky de Sibérie, preuve que même en France on ne résiste pas à la beauté, à l'intelligence et au caractère doux du Husky. Chaque année, il va combler de plus en plus de cœur et de gagner en notoriété. Ainsi on passe de 72 naissances en 1978 à plus de 4500 naissances en 1992 ! C'est d'ailleurs cet année là, face au succès grandissant de la race, que les amateurs et passionnés mettrons en place le club Siberian Husky France.
Malheureusement, il ne résistera pas à la concurrence et l'effet de mode est vite abandonné au profit des chiens de plus petites tailles, facile à transporter, facile à entretenir. Toutefois, la race tiens le coup et à partir de 2003 on remarque un regain de notoriété qui - supposons-nous - est lié de près ou de loin à l'apparition d'une nouvelle activité sportive en France : la course de traîneau sur la Grande Odyssée.
1- Revue Scientifique n°301 - 1888
2- Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - 1866
3- La Sibérie orientale et l'Amérique russe - Octave Sachot - 1883
A noter que la voie terrestre ne fut découverte qu'en 1822 par le "nouveau monde" et en 1905 par voie maritime par Roald Amundsen.
4- Revue Geographie - Ludovic Drapeyron 1877
5- Bulletin de société de géographie - 1899
6- The cruelest miles : the heroic story of dogs and men in a race against an epidemic 2003
7- Le sport universel illustré - 1933
8- Site de la société centrale canine
9- Flick